Des images, Des mots : Le même impact ?
L’amplification de diffusion des sources audiovisuelles tend à nous laisser penser qu’elles finiront par sonner le glas d’autres medias, tels les sources écrites. En effet, les technologies se développent rapidement et deviennent accessibles à un public de plus en plus large.
Ces nouveaux supports contribuent à la formation de l’opinion publique et ce, dans tous les domaines, dont celui des relations internationales (ex. films de guerre, débats télévisés sur un thème de politique nationale ou internationale). Nous commencerons par mettre en évidence les similitudes entre textes académiques et sources audiovisuelles, puis nous les différencierons quant à leur impact dans le domaine de la politique et des relations internationales. Nous terminerons par une réflexion sur le souvent contesté degré de scientificité des sources audiovisuelles.
L’individu forge ses représentations du monde par le biais d’images de la réalité (un film/texte est une image). En ce sens, le rôle des sources audiovisuelles est à double tranchant : premièrement cette hypothèse permet de leur donner de l’importance – nous les pensons souvent moins scientifiques que les textes académiques, donc inférieures – car elles contribuent à la formation de notre vision du monde ; or, une source audiovisuelle, tout comme un texte académique, est chargée de l’opinion (de la représentation) de son auteur. De plus, nous recevons cette image subjective à travers le filtre de nos propres représentations antérieures. La subjectivité est donc double.
A première vue, les sources audiovisuelles ont une portée plus importante que les textes académiques en raison de leur large réseau de diffusion et de leur forte charge émotionnelle (un film se concentre généralement sur le sujet – opposé au fait – et ainsi permet l’indentification). Ceci mis en relation avec la double subjectivité argumentée plus haut, tout nous porte à penser que ces nouveaux supports représentent un danger, car la manipulation (surtout si elle est négative) touchera, dans ses convictions et sentiments, un public nombreux.
Un texte académique paraît davantage objectif car, avant d’être publié, il subit la critique d’experts et son « public » est généralement plus renseigné sur la question. Or, dans les faits, un texte académique peut tout à fait véhiculer une opinion (purement subjective, uniquement basée sur des sentiments – ex. dégoût envers une partie de la population) au sein d’un texte dont l’argumentation (objective car composée d’arguments potentiellement falsifiables) semblerait fondée. Le danger de tels supports est encore plus important du fait que le public visé (ex. professeurs, hommes politiques) a généralement un rôle influent dans le domaine traité par l’auteur.
Cette hypothèse doit cependant être nuancée : l’impact des sources audiovisuelles, diffusées à un public de plus en plus large et donc de moins en moins critique et avisé, permet une potentielle mobilisation de la masse populaire. L’influence au niveau politique n’est donc pas à négliger, comme l’histoire nous l’a à maintes reprises prouvé : la propagande stalinienne des années 1930 a entraîné une mobilisation populaire contre les koulaks, paysans riches, stigmatisés comme ennemis de la nation. De véritables slogans, tels « Les koulaks ne sont pas des êtres humains », furent repris par la masse paysanne. Ils figuraient sur des affiches produites par le gouvernement, montrant le poids, déjà à cette époque, des sources visuelles dans la politique.